Durée de vie des prothèses

Généralités

Les prothèses articulaires sont des pièces mécaniques qui s’usent avec le temps, elle ne sont pas éternelles. Elles sont fixées dans l’os avec ou sans ciment, par repousse osseuse au contact de la prothèse. Elles peuvent également user l’os autour de la prothèse, c’est ce qu’on appelle un descellement.

La durée de vie d’une prothèse dépend de plusieurs facteurs : la qualité de l’os autour de la prothèse, la présence ou non de fracture, l’apparition de complication comme une infection qui entraine la nécessité de changer la prothèse même en l’absence d’usure.

La survie des prothèses suit cette courbe : il faut comprendre qu’il s’agit du pourcentage de personne ayant encore leur prothèse en fonction du temps et que ce % baisse avec le temps à chaque personne à qui on doit changer la prothèse:

Ceci est un exemple pour un type de prothèse particulier mais reflète l’évolution générale de la survie des implants.

Les matériaux actuels ont beaucoup progressé et les prothèses s’usent peu en elle-même. Pour une utilisation raisonnée, l’usure liée à la prothèse sur les pièces de frottement elle-même fait que leur durée de vie est de l’ordre de 30 ans. Les problèmes liés à des ruptures de matériel sont de plus en plus rares. L’usure des prothèses est favorisée par la sur sollicitation des membres, avec des activités physiques disproportionnées ou inadaptées. On peut par exemple faire de la course à pied, du ski ou du tennis avec une prothèse de genou mais pas de manière excessive.

Mais c’est sans tenir compte des problèmes qui peuvent survenir comme une infection, un descellement, une fracture, une instabilité.

En cas de pose de prothèse articulaire, les infections surviennent dans 1% des cas pour des patients sans antécédent chirurgicaux au niveau de l’articulation opérée. En cas d’infection, si on arrive à la détecter rapidement et la traiter par un lavage, les chances d’arriver à guérir l’infection sont de l’ordre de 60%. Si le diagnostic tarde à être posé, s’il s’agit d’une infection évoluant à bas bruit, ou si le lavage simple n’a pas été suffisant, un biofilm se créé et les bactéries en causes deviennent impossible à éradiquer sans enlever la prothèse, enlever toutes les parties infectées dont l’os et ensuite seulement remettre une nouvelle prothèse.

En cas de descellement, la fixation de la prothèse n’est plus efficace, il y a des micro mouvements entre la prothèse et l’os dans lequel elle devrait être fixée, cela entraine des douleurs. Ces mouvements abiment l’os autour de la prothèse et il est le plus souvent nécessaire de changer la prothèse pour en mettre une qui se fixera dans l’os sain, donc des prothèses plus longues.

En cas d’instabilité, cela peut se traduire par une sensation de ressaut voire de déboitement (luxation). Il s’agit le plus souvent d’un problème d’inadéquation entre la stabilité de la prothèse et des ligaments et muscles autour de l’articulation. On peut être amené à changer la prothèse pour en mettre une plus stable, il peut alors être nécessaire de rallonger le membre pour retendre les structures ligamentaires participant à la stabilité. Il faut comprendre que lors de lose de la prothèse l’articulation est luxée (déboitée) de manière volontaire pour permettre la mise en place de la prothèse, mais normalement elle ne devrait pas de reboiter une fois l’intervention terminée.

A quel moment peuvent survenir les problèmes nécessitant un changement de la prothèse ?

Les infections surviennent majoritairement de manière précoce par rapport à la chirurgie (dans les premières semaines, il s’agit alors d’une infection nosocomiale, liée à la chirurgie. Une ou plusieurs bactéries sont entrées lors de la chirurgie. Il s’agit le plus souvent d’un germe que le patient a sur la peau (le plus fréquent est le staphylocoque aureus dans 70% des cas) et qui n’a pas été détruit malgré toutes les précautions prises par l’équipe chirurgicale pour diminuer ce risque (désinfections cutanées avant l’intervention, antibiotique prophylactique, changements de gants, désinfection régulière lors de l’intervention, lavage en fin d’intervention). Un autre type d’infection peut survenir, il s’agit d’une infection hématogène, c’est-à-dire à partir d’un germe présent dans le sang du patient lié à une infection à distance, par exemple une infection urinaire ou digestive dont la bactérie passe dans le sang et se fixe sur la prothèse. Ce type d’infection peut survenir tout au long de la vie du patient porteur de prothèse mais elle est très rare.

Les problèmes de descellement surviennent selon 2 pics de fréquence, l’un est précoce, dans la première année, il s’agit en fait d’une absence de scellement de la prothèse qui n’a pas pu se fixer correctement dans l’os. Le deuxième pic de survenu apparait lorsqu’apparait une usure de la prothèse donc autour de 20 à 30 ans sur les prothèses actuelles mais plutôt 15 ans sur les prothèses plus anciennes. Le descellement peut aussi survenir en cas d’infection.

Les problèmes d’instabilités surviennent majoritairement dans les premiers mois après l’intervention. Ils sont liés à des structures ligamentaires, musculaires ou osseuses défaillantes. Ils peuvent également être liés à des problèmes de positionnement des implants ou à une rupture de matériel. Un second pic de fréquence de ce type de complication survient en cas d’usure des matériaux

Les problèmes de rupture de matériel sont rares et peuvent survenir tout au long de la vie de la prothèse.

Cas particulier des prothèses de hanche

La particularité des prothèses de hanche est qu’elles sont particulièrement à risque de luxation (déboitement). Ce risque est important dans les mois suivant l’intervention, c’est pourquoi il faut bien suivre les consignes de votre chirurgien et de votre kinésithérapeute pour diminuer ce risque.

Cas particulier des prothèses de genou

Les prothèses de genou, qu’elles soient Totales ou Unicompartimentaire se déboitent peu. Leurs principaux risques sont l’infection et le descellement. Pour diminuer ce risque il faut être bien vigilent sur la plaie dans les jours suivant l’intervention et ne pas sursolliciter les implants à long terme.

Cas particulier des prothèses d’épaule

Les prothèses d’épaules ont la particularité d’avoir une zone de fixation étroite sur la glène (=omoplate ou scapula) et présentent donc un risque d’usure de cet os et donc de descellement majoré. Il peut également survenir une détérioration des tendons autour de l’épaule, ceux de la coiffe des rotateurs. Le risque de luxation est également présent. Enfin les infections sont souvent d’évolution lente et difficiles à diagnostiquer.

Que puis-je faire pour protéger ma prothèse ?

Plusieurs facteurs sont connus pour diminuer la durée de vie des prothèses :

– Le tabac. Il multiplie par 10 les complications autour de l’intervention avec une augmentation des problèmes de cicatrisation, du risque d’infection, mais également les risques thrombo-emboliques. Il est donc fortement conseillé d’arrêter le tabac au moins 2 mois avant l’intevention.

– Le surpoids. Il favorise l’usure et le descellement des implants, mais il augmente aussi le risque d’infection.

– Les chutes et les fractures. Elles peuvent entrainer des problèmes sur la fixation des implants.

– La sollicitation des membres, avec des activités physiques disproportionnées ou inadaptées. On peut par exemple faire de la course à pied, du ski ou du tennis avec une prothèse de genou mais pas de manière excessive.

En pratique

On parle de taux de survie pour les prothèses articulaires, c’est-à-dire que qu’il varie en fonction du temps.
Ainsi actuellement le taux de survie des prothèses (% de personnes n’ayant pas eu besoin de la faire changer) varie également selon le type de prothèse.

Mais le taux de survie est de l’ordre de 98% à 5 ans, 95% à 10 ans, 80% à 20 ans, 50% à 30 ans.

Ces taux de survie s’entendent pour des prothèses de première intention sur un patient sans antécédent chirurgicaux sur cette même articulation. Les prothèses de reprise ou sur un site chirurgical ayant déjà été opéré ont des durées de vie inférieures.

En conclusion n’hésitez pas à demander à votre chirurgien des informations sur ces éléments qui entrent en compte dans votre choix pour réaliser l’intervention ou non.