L’infection ostéo-articulaire est une affection rare conditionnée par différents facteurs intervenants dans l’apparition et l’évolution de la maladie. Ces facteurs peuvent dépendre de l’individu (sexe, enfant, adulte) ou du milieu qui l’entoure (agents pathogènes). Le fait de porter une prothèse ou du matériel d’ostéosynthèse augmente le risque de faire une infection ostéo-articulaire, le taux d’infection sur prothèses articulaires est de 0,5 à 2% dans les meilleures séries.
La classification des infections ostéo-articulaires sur prothèse est répartie en aigue ou chronique selon qu’elle évolue depuis moins ou plus de 3 mois respectivement.
Les signes devant faire penser à une infection de la prothèse sont : fièvre, rougeur, gonflement de la cicatrice, et écoulement au niveau de la cicatrice.
La survenue d’une infection peut diminuer la durée de vie d’une prothèse.
Les principales bactéries responsables d’infections ostéo-articulaires sur prothèse sont : Staphylocoques, Staphylocoques aureus, Staphylocoques epidermidis, Streptocoques, Entérocoques, Entérobactéries.
Ce sont des germes que nous avons tous sur la peau mais qui ont réussi à pénétrer et se développer sur le matériel.
La prise en charge doit être collégiale avec impérativement un avis par un chirurgien orthopédiste, un microbiologiste, un médecin infectiologue.
Dans tous les cas il ne faut pas prendre d’antibiotique sans l’avis de votre chirurgien.
Antibiothérapie :
- Mise en route après les prélèvements microbiologiques profonds sauf en cas de syndrome infectieux grave qui impose une antibiothérapie probabiliste immédiate à large spectre (dont le but est d’être efficace sur le plus de bactéries possibles).
- Dans tous les cas, le choix des antibiotiques (habituellement 2) sera adapté secondairement dès réception des antibiogrammes (examen visant à connaître les antibiotiques efficaces sur la bactérie responsable de l’infection) du ou des germes isolés et fonction de leur diffusion dans le site infecté (parties molles ou os). La durée varie de 6 à 12 semaines en fonction de la gravité et de la présence de matériel orthopédique (habituellement 3 mois s’il y a encore du matériel sur le site de l’infection).
Chirurgie :
Le geste est fonction du lieu de l’infection ; ainsi, l’arthrite aiguë (infection d’une articulation) nécessite souvent un lavage articulaire. Si une prothèse articulaire est présente, un lavage prothétique « à ciel ouvert » est le plus souvent indiqué en cas d’infection précoce (datant de moins de 4 semaines). En cas d’infection tardive sur prothèse articulaire (12 semaines après la pose l’implant prothétique), un changement prothétique sera le plus souvent indiqué. Ce changement prothétique pourra être réalisé en un temps ou en deux temps (une ou deux chirurgies) en fonction de l’agressivité du germe et de sa sensibilité aux antibiotiques (avec parfois mise en place d’une entretoise ou « spacer » entre les deux temps). La décision du changement en un ou deux temps devra être proposée après discussion pluridisciplinaire (orthopédiste, microbiologiste, infectiologue).
En plus des risques communs à toute intervention chirurgicale et des risques liés à l’anesthésie (risques cardiaques, neurologiques, généraux), notons quelques risques plus spécifiques à cette chirurgie :
- Il est possible que la zone opérée saigne après l’intervention et qu’il se forme un hématome. En fonction de l’importance du saignement, une évacuation de l’hématome ou une transfusion peuvent s’avérer nécessaires.
- La survenue d’une ré-infection de la prothèse (5 à 30 % des interventions selon la gravité de l’infection), est une complication sévère puisqu’elle peut nécessiter un nouveau changement de la prothèse (et donc plusieurs chirurgies) ainsi qu’un traitement antibiotique de longue durée. Quand elle est détectée rapidement, un simple lavage de la prothèse et une mise sous antibiotiques peuvent être suffisants. Dans certains cas, on n’arrive pas à guérir l’infection et on doit laisser des antibiotiques au long cours.
- Les nerfs à proximité de la zone opérée peuvent être accidentellement blessés. Cette complication exceptionnelle peut occasionner une douleur, une perte de la sensibilité de certaines parties de la cuisse et des troubles de motricité du membre atteint.
- Des caillots de sang solidifié peuvent se former et se coincer dans les veines de la jambe occasionnant une phlébite voire une embolie pulmonaire. Afin de prévenir cette complication, un traitement anticoagulant est prescrit.
- Une fracture peut survenir (en cas de changement de la prothèse), le plus souvent à l’occasion d’un traumatisme, la prothèse étant plus solide que l’os, celui-ci peut se casser autour de la prothèse et peut nécessiter un changement de la prothèse.
- Un descellement ou un retard de consolidation secondaire à l’infection.
- Une infection à distance (pulmonaire, cardiaque, rénale, etc…).
- Complication de décubitus (fait d’être allongé), type escarres, perte d’autonomie, confusion etc…
Les risques énumérés ne constituent pas une liste exhaustive. Votre chirurgien donnera toute explication complémentaire et se tiendra à votre disposition pour évoquer avec vous chaque cas particulier avec les avantages, les inconvénients et les risques de l’intervention.